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Markus Oestreich
Pilote allemand au style agressif et constant, Markus Oestreich a couru pour Zakspeed en DTM avec cette M3 pendant la saison 1988. Il s’est illustré par plusieurs performances solides face à une concurrence féroce, notamment contre les Mercedes 190E et les Ford Sierra RS500. Bien qu’il ne remporte pas le championnat, Oestreich a marqué des points importants et contribué à la renommée de la M3 dans le… championnat.
Hockenheim, septembre 1989.
La lumière tombe doucement sur le paddock. L’air sent l’essence, les pneus chauds, la poussière des camions de transport. Le vacarme des moteurs a laissé place à ce silence particulier des fins de journée de course : un mélange de tension retombée et de fatigue noble.
Au fond de l’allée, appuyée contre sa béquille hydraulique, repose une voiture compacte aux ailes élargies. Son blanc d’usine est zébré de traces de gomme, d’insectes éclatés et d’éclats de peinture. C’est une BMW M3 Groupe A, mais ici, on ne la désigne que par ses initiales : la M3.
Une machine pas comme les autres
Elle n’a pas l’arrogance d’une voiture de course. Elle ne cherche pas à dominer l’espace. Elle l’impose doucement. Son regard — ces doubles phares ronds et familiers — semble plus concentré qu’agressif. Son spoiler, ajusté au millimètre, ne crie pas. Il suggère. Elle n’exhibe rien, mais suggère tout.
Un mécano passe un chiffon sur le capot. Il ne la regarde pas comme une machine. Il la connaît, comme on connaît une monture, ou une vieille guitare. Il sait que cette auto-là a ses bons et ses mauvais jours. Il sait qu’elle aime l’attaque propre, les freinages tardifs, les courbes longues en appui. Il sait aussi qu’elle n’aime pas les brutalités. Pas de talon-pointe mal fichu. Pas de transfert sec. Elle se mérite.
Le bruit des hommes
Un peu plus loin, sous la tente Zakspeed, Steve Soper discute à voix basse avec son ingénieur. Ils ne parlent pas de moteur. Ils parlent de ressenti. De ce petit flottement à l’arrière à l’entrée de Sachs Kurve. De cette hésitation à réaccélérer quand les pneus AR commencent à graisser. Il ne parle pas de la voiture comme d’un outil. Il parle d’elle.
La M3, dans le paddock, est une sorte de présence. Elle ne se contente pas d’attendre la prochaine manche. Elle habite le lieu. À la fois discrète et magnétique. Un vieux commissaire passe, s’arrête, la regarde, puis hoche la tête. Il a dû en voir, des voitures. Mais celle-là, il la respecte. Une conductrice d’hommes
Elle n’a pas besoin d’un grand nom pour exister. Elle aime les pilotes exigeants, pas les showmen. Qu’on soit Ravaglia ou un jeune d’espoir de l’école BMW, elle traite tout le monde pareil : elle vous dira exactement ce que vous lui donnez. Rien de plus. Rien de moins.
Et puis il y a ce bruit. Ce bruit-là. Quand elle repart doucement en première pour aller peser, le moteur S14 toussote puis monte en régime dans une sonorité métallique, presque rageuse. À haut régime, c’est une clarinette de guerre : sèche, linéaire, enivrante. Une bande-son de discipline. Pas de frime, pas de turbo, pas de panique. De la tension contrôlée.
Un mythe naît toujours dans le silence
C’est dans ces instants-là, quand la foule est partie, que les mythes prennent racine.
Quand une silhouette, banale pour le profane, raconte à ceux qui savent une décennie entière de pilotage pur, de technique subtile, d’élégance mécanique.
La M3 n’a pas inventé la course. Elle n’a pas été la plus puissante. Elle n’a jamais écrasé la concurrence par la force.
Mais elle a été celle qu’on écoutait, celle qui formait, celle qu’on redoutait — celle qu’on respectait.
Elle dort là, maintenant, entre deux roulages, capot entrouvert, avec encore un peu de chaleur dans les tôles.
Et ceux qui passent à côté savent : cette voiture-là, elle a tout dit. Et elle n’a pas fini de parler
Quelques anecdotes de course concernant la BMW M3 E30 2.5L DTM Zakspeed n°33 (Soper–Quester–Dufter) aux 24 h du Nürburgring 1989 :
“Passer du turbo au naturel”
Steve Soper a décrit le changement radical entre sa Sierra Cosworth turbo (~550 ch) et cette M3 (~300 ch) :
« La différence était énorme… Il fallait garder l’élan et être gentil et doux avec elle. Si vous deveniez nerveux… elle n’était pas rapide. » ufffc
Cette douceur de conduite a été cruciale sur la Nordschleife, afin de préserver grip, freins et fiabilité.
Avantage du team Zakspeed local
L’ingénieur Steve ajoute :
« Nous avons gagné… parce que Zakspeed était basé au Nürburgring, littéralement de l’autre côté de la route. Tout notre travail de mise au point était fait là-bas. »
Le fait d’avoir un atelier à proximité a permis de régler la voiture spécifiquement pour la boucle nord, un atout majeur pour la course.
Solidité du groupe S14 et choulement thermique
Sur la M3 E30 de course, le moteur S14 était réputé pour être haut dans le régime (jusqu’à 8 500 tr/min). Des épisodes fréquents de fuites au niveau des soudures d’échappement sont intervenus :
« les tuyaux d’échappement se déformaient de 25 mm à pleine charge ; un simple changement de silent-blocs les a stabilisés. »
Ce souci a été corrigé à temps pour la course, preuve de l’ingénierie réactive de BMW.
Cockpit “old-school” intact :
Malgré la préparation extrême, le cockpit restait spartiate : tableau de bord analogique, levier de boîte mécanique, peu d’ergonomie, juste l’essentiel dans un habitacle épuré autour de l’arceau de sécurité . Soper souligne que c’était une formule pure : pilote, vitesse et fiabilité avant tout.
Ils ont, avec cette M3 Zakspeed, signé le meilleur tour en classe avec un temps de 9:29.380
La BMW M3 E30 est encore aujourd’hui l’un des modèles les plus vénérés dans l’histoire du DTM. Sa version Zakspeed de 1988, avec Oestreich au volant, incarne l’apogée de l’ingénierie allemande des années 80 en compétition, avec une voiture équilibrée, nerveuse et taillée pour les circuits les plus exigeants.
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